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Critique : Random Access Memories - Daft Punk

5 Janvier 2014 , Rédigé par Mr. Cinemagic Publié dans #Musique

Critique : Random Access Memories - Daft Punk
Critique : Random Access Memories - Daft Punk

 

8 ans, c'est le nombre d'années qui l'aura fallu attendre pour enfin écouter de nouvelles chansons signées par notre groupe casqué préféré : Daft Punk ! 8 années où les robots n'avaient plus donné signe de vie mise à part une bande originale sympathique pour le décevant Tron Legacy, une apparition à un concert de leurs compatriotes Phoenix, ou encore une collaboration avec Kanye West en 2008. 8 années où les rumeurs concernant un nouvel album ou même une possible séparation (si si…) pleuvaient tout comme les nombreuses chansons fakes sur Youtube. Mais également 8 années de changements dans le paysage musical ce qui implique de nombreux efforts pour se renouveler mais également une campagne de marketing béton (probablement la meilleure et la plus efficace depuis bien longtemps). 

 

C'est donc en Février dernier que le monde eut le droit à un premier teaser, plus que surprenant, provenant de ce nouvel album attendu comme le messie. Durant ces 15 secondes, un riff de guitare mémorable, quelques notes de piano et une moitié de casque rejoignant l'autre pour former ce qui ressemblera à la future pochette de Random Access Memories, titre du nouvel album du duo parisien. Ces 15 secondes maintenant, tout le monde les connait : ce sont celles du single multi-diffusé Get Lucky. Mais à l'époque, ce fut ni plus ni moins qu'un choc pour tous les fans du groupe, ceux qui ont "ravaient" sur Rollin' & Scratchin' ou ceux qui ont dansé sur One More Time : Daft Punk fait du disco ???? Mais franchement, quand on y pense, ce n'est ni plus ni moins que la suite logique d'un travail d'inspirations (et de revival) de la période disco/funk des années 70, déjà entamé depuis 2001 et la sortie de Discovery, meilleur album du groupe. Personnellement, la crainte d'avoir un album entièrement disco ou funk me guettait (on a déjà eu Breakbot…) mais heureusement, ce n'est pas le cas ! De plus, l'impatience était si grande pour moi d'écouter ENFIN le nouvel album de mon groupe préféré, moi qui était devenu fan pendant la pire période (entre 2005 et 2011, les années de vide…). Mais heureusement encore, Daft Punk arrive encore à surprendre son public et ne déçoit pas (enfin… j'y reviendrai). 

 

L'album débute par une batterie tout droit sorti du Studio 64 qui monte, monte… (un "drop disco" si vous voulez ----> TROLL) avant de libérer la guitare funky reconnaissable entre tous de Nile Rodgers (guitariste de Chic que l'on ne présente plus) et un rythme hyper-entrainant. Impossible de ne pas tapoter du pied à l'écoute de cette introduction de ce nouvel album de Daft Punk (et oui, et oui… c'est eux !), surtout quand les vocoders entrent en scène avec le gimmick et titre du morceau "Give life Back to Music". Des paroles kitsch et loin d'être philosophique comme on en faisait à l'époque mais bien facile à retenir ("We're Up All Night To Get Lucky" "Lose Yourself to Daaaaannce"). En gros, c'est un premier morceau plus que fédérateur mais également l'un des meilleures titres de cet album et de l'année… 

 

Le deuxième morceau, The Game of Love, s'installe doucement avec un rythme beaucoup plus subtil mais tout aussi accrocheur avec une guitare funky tout droit sortie d'un film érotique des films 80s. Les vocoders (machine permettant de transformer sa voix de manière plus "liquide" ou "robotique") ont l'air d'être de retour sur ce quatrième opus, tout comme le fait de réentendre les voix de Thomas Bangalter et Guy-Man après les turbines et les "Buy It. Use It. Technologic" de Human After All, qui en avait déçu plus d'un (moi, j'étais pas encore fan donc bon…). Un morceau plus long, plus triste mais également plus personnel à l'instar des grosses machines et hits présents sur ce Random Access Memories, et ça, ça fait du bien ! 

 

Une voix ouvre ce troisième morceau. Cette voix à l'accent allemand ne vous dira rien, ça c'est sur, tout comme peut-être le nom de ce GRAND monsieur qu'est Giorgio Moroder, mais je suis persuadé que vous connaissez au moins un titre produit ou co-écrit par ce pionner de la dance music et maintenant agé de 73 ans. Donna Summer, Blondie, les BO de Midnight Express, de Scarface, de Top Gun… c'est LUI !! C'est donc normal que le producteur italo-allemand, mentionné parmi les Teachers de Homework, fut une grande inspiration pour les Daft Punk qui lui ont demandé de parler et de raconter sa vie pour ce titre sobrement nommé Giorgio By Moroder. Les garçons inventent ainsi la chanson-interview et n'en fini plus d'impressionner sur ce qui semble être le morceau le plus abouti de cet album et peut-être même de leur carrière ! Les deux premières minutes sont donc consacrées aux débuts de Moroder dans le métier et ne manque pas d'anecdotes comme le fait qu'il dormait dans sa voiture pour ne pas s'éloigner de sa discothèque ou son approche vers le synthétiseur, outil peu utilisé pour l'époque ("the sound of the future") et maintenant indispensable. Puis, un "clic" répété en boucle, le silence, et arrive enfin le fameux "My Name is Giovanni Giorgio but everybody calls me GIORGIO". Et là, un son tout droit sorti des années 80 nous est balancé à la figure. Un son quasi indéfinissable : le son Moroder ! La chanson s'écart ensuite vers des expérimentations jazz très appréciées avant de revenir vers la voix de Giorgio puis de partir dans une orchestration de toute beauté (meilleure que l'entière BO de TRON) qui vient se caler parfaitement sur le son Moroder accentué par des percussions maitrisées en tout point. Et là, au milieu, des scratchs viennent se perdre et faire le bonheur des amateurs de hip-hop US des années 80s (Beastie Boys, Run DMC…). La basse est également géniale et nous donne une folle envie de danser. Puis, le final grandiose nous éblouit avec un solo de guitare hard rock totalement imprévisible et jouissif… Le tout se mélange pour donner un morceau incroyablement produit au air d'épopée musicale ! Une claque…

 

Within, le quatrième morceau, est lui certainement plus calme. S'ouvrant avec un piano co-composé avec le talentueux Chilly Gonzalez. Une voix vocodée se joint pour donner une impression de slow tout droit sortie des booms adolescentes des années 80. Un morceau franchement lent (pour ne pas dire ennuyeux) et par forcément génial. Mais bon, on va passer…

 

Le cinquième morceau, Instant Crush, lui commence dès la première seconde et va directement au but : une chanson pop/rock au rythme disco. La voix joliment auto-tunée (pour une fois !) de Julian Casablancas, leader des Strokes, vient se poser sur la mélodie pour donner ce que les Dafts peuvent créer de meilleur : des ballades pop/electro/disco tristes ou joyeuses et incroyablement agréable pour l'oreille ! Le refrain tenant du génie montre à quel point les robots sont doués pour créer des mélodies entêtantes. Outre un solo de guitare digne des Strokes (comme par hasard !), le morceau reste le plus pop et mélodique de l'album et certainement mon coup de coeur ! 

 

Une guitare, encore celle de Rodgers, ouvre ce sixième titre et non, ce n'est pas Get Lucky ! C'est Lose Yourself To Dance, le deuxième single de RAM, celui qui a moins marché… Peu importe, ce titre a tout du hit parfait : un chanteur à la voix charismatique (Pharrell "machine à tubes" Williams), un refrain et un gimmick que tout le monde retient et pas difficile à prononcer ("Loooose Yourself To Daaaaance"), une guitare plus que sympathique qui donne une furieuse envie de danser… Malheureusement, il y a un hic : la durée ! Beaucoup trop long (5 minutes 54 secondes !), le morceau devient répétitif et lassant. Dommage car autrement, c'est un sans -faute : sérieux, les vocoders "Come on, come on…" sur le refrain, c'est du génie !! 

 

Attention, vous vous apprêtez à faire un énorme voyage durant l'écoute de ce sublime et incroyable morceau qu'est Touch. Des sons aussi étranges qu'inquiétant arrivent de partout tandis que la voix de Paul Williams commencent à s'approprier le morceau tout d'abord a cappella puis accompagnée par une guitare funky lointaine et un orchestre de toute beauté. Puis, le morceau s'élance et la folie commence : des dizaines d'instruments partant dans tout les sens débarquent pour donner un rythme entrainant comme pas possible hybride entre jazz, electro, disco, pop… impossible à finir mais tellement beau ! Des voix vocodées (décidément…) se posent ensuite tandis que la musique commence à s'effacer calmement… Pour revenir de manière magnifique quelques secondes plus tard tandis qu'une chorale reprend les paroles entonnées auparavant. On se croirait à l'enregistrement de We Are The World mais la musique s'interrompt brutalement pour redonner la place à Paul Williams qui conclut ce morceau incroyable, fantastique… Une prouesse !! 

 

Aaaaaah ! Enfin, les 15 secondes du teaser arrivent pour le très attendu Get Lucky ! Une guitare entrainante à en tomber, quelques petites notes de piano bien placées… et hop ! c'est dans la boite, le tube de l'année ! On rajoute ensuite un Pharrell Williams qui donne du meilleur de lui-même et s'approche sans problème d'un Michael Jackson, un refrain plus que simple mais tellement accrocheur, et bien sur des vocoders pour ne pas oublier qui est derrière tout ça : les robots ! Que dire de plus à part que ce morceau est la bonne humeur incarnée et un hymne à la danse hyper-entrainant (si vous ne bougez pas votre popotin en l'écoutant, vous n'êtes pas humain…). Le morceau se ferme sur un solo de synthétiseur rappelant les meilleurs titres de Discovery (Digital Love en particulier). 

 

Deuxième titre avec Paul WilliamsBeyond reste dans la veine du morceau précédent sans y arriver à la cheville ! Des vocoders, encore des vocoders… Encore une guitare funky… C'est sympa mais il y a RIEN de transcendant… Un morceau moyen… 

 

Le dixième titre de Random Access MemoriesMotherboard, est un OMNI, un Objet Musical Non Identifié. C'est LA grosse prise de risque de cet album (qui en est déjà une). Ce morceau ne ressemble à aucun autre et est totalement instrumental (sans paroles pour les incultes). Pour le décrire, je dirais que c'est un mélange entre Sebastien Tellier pour les guitares (pas funky cette fois) et la batterie aérienne, la BO de TRON pour les synthés du futur, et un-autre-artiste-inconnu (dites moi dans les commentaires, il est 01h37 du mat', j'en peux plus !). Bref, Motherboard est LA surprise de cet album ainsi qu'un très bon morceau inattendu et un autre voyage offert par le groupe. 

 

Fragments of Time, est la nouvelle collaboration avec Todd Edwards, grand nom de la house 90s, après le morceau-classique Face to Face sur Discovery en 2001. J'attendais beaucoup de ce morceau sachant que Face To Face est certainement dans mon top 5 des meilleurs morceaux du groupe. Et j'ai été légèrement déçu par le rendu franchement loin d'être fou-fou puisque c'est une "simple" ballade pop sans grande échappée ou innovation. Le morceau est néanmoins très agréable à écouter. Peut-être que j'attendais trop de ce morceau…

 

Une autre collaboration, avec Panda Bear du groupe Animal Collective (sorte de MGMT en un peu moins bien), pour ce douzième titre : Doin' It Right, le seul morceau "electro" de ce quatrième opus. Le morceau est très surprenant et pas du tout dans l'ambiance de l'album (exceptés les vocals de Panda Bear qui sur une guitare funky aurait pu donner un tube), et on peut saluer l'audace des robots surtout lorsque le solo de synthé est dévoilé accompagné de béats répétés et limites "hip-hop" ! Un très bon morceau que l'on réécoutera encore dans quelques années (parce que l'album, je sais pas s'il va bien vieillir…). 

 

Le morceau final, Contact, était certainement le plus attendu par les fans de house et plus particulièrement les fans de french touch (dont je fais parti) puisque que c'est LA collaboration entre DJ Falcon (producteur français de house culte) et Daft Punk. Le morceau débute avec des notes simples de synthé (en réalité un sample, le seul de l'album, d'un groupe de rock australien) sur lequel on entend une transmission d'un astronaute d'Apollo 17 sur la Lune disant qu'il voit quelque chose dans le ciel… Des OVNI ? Les Daft Punk sont des E.T. ?? En tout cas, le morceau commence à s'emballer avec des percussions folles et des notes qui montent, montent… pour ensuite exploser en plein vol tel une fusée pour nous faire saigner les tympans comme le classique Rollin' & Scratchin' le faisait si bien ! Le morceau se termine en apothéose comme l'album…

 

Random Access Memories est un disque marquant et un tournant pour la carrière de Daft Punk. Le duo a réalisé son rêve : enregistrer un vrai disque de pop/disco/funk comme les grands classiques des années 80 qu'ils admirent (Michael Jackson, Prince…) et collaborer avec leurs idoles (Nile Rodgers, Giorgio Moroder, Paul Williams), et livrer un disque générationnel. Même si la déception pointe le bout de son nez quelque fois (mais en même temps, c'était obligatoire tant l'attente était grande), on se console devant tous les chef d'oeuvres présents sur cet album (Giorgio by Moroder, Touch, Instant Crush). Un disque dansant, entrainant, sexy, entêtant… les adjectifs manquent ! En tout cas, Random Acces Memories fut un succès critique et commerciale. Peut-on dire que les Daft Punk sont au sommet de leur carrière ??

Titre préféré : Giorgio By Moroder

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